Après une semaine, maintenant que le festival vient de se clore, retour sur quelques unes des séries qui y ont été présentées.
The Red Road
Produite par Sundance TV, cette série, dont le pilote a été tourné par James Gray, qui plonge son action dans les Appalaches, au cœur d’une communauté amérindienne, semblait prometteuse. Il y a d’un côté un indien lenape (joué par Jason Momoa – Khal Drogo dans Game of Thrones ) pris dans des magouilles et des petits délits, de l’autre le shérif local, un type un peu effacé dont la femme est alcoolique. Cette dernière, raciste jusqu’à la paranoïa, ne supporte pas que sa fille ait une liaison avec un lenape. Dans un élan de folie, guidée par des voix, elle s’arme et décide de récupérer sa fille chez son copain. Sur son chemin elle percute en voiture un garçon lenape. L’intrigue part de là.
La chaîne bénéficie certes d’un parrainage prestigieux mais manque encore un peu d’expérience, que James Gray ne parvient pas vraiment à combler. Ca ne veut pas dire qu’il n’y a aucun potentiel mais on s’attendait à mieux.
Black Sails
Inspirée de l’Ile au Trésor dont elle constitue une sorte de préquelle – en gros ce sont les jeunes années de John Silver, au temps où il avait ses 2 jambes et préférait la compagnie des femmes à celle des perroquets – cette série à très gros budget coproduite par Michael Bay pour Starz fait revivre tous les fantasmes de la piraterie. Tavernes animées, boissons, prostituées (françaises forcément) heureuses et indépendantes, course-poursuites, rêves de liberté, trésors fabuleux, tout est là. Les personnages de fiction – ceux de l’Île au Trésor donc – côtoient des figures historiques de la piraterie ( un peu comme dans Pirates des Caraïbes du même Michael Bay ) Le Capitaine Flint part à la recherche du galion le Urca de Lima qui croulerait sous l’or ; à ses trousses autant de pirates attirés par le même trésor. Il y a de l’humour, de l’aventure, un brin d’érotisme ; plutôt pas mal.
Ray Donovan
Avec cette série sur les dérapages des stars hollywoodiennes, on croit arriver en terrain conquis. Il y a un potentiel infini de situations absurdes, de personnages tous plus jetés les uns que les autres, et on se dit que la série s’en tiendra à inventer des frasques à chaque fois plus extravagantes. Ray Donovan est … est quoi ? On ne sait pas trop. Le dossier de Séries Mania le présente comme un « spécialiste des litiges », Jimmy qui diffusera la série en France fait de lui un « médiateur social » quand, à la projection, il a été qualifié de « fixeur ». Fixeur, ça ne veut rien dire, et c’est pour ça que c’est sans doute la meilleure définition : du flou de son emploi, les scénaristes peuvent le faire intervenir n’importe où à propos de n’importe quoi. Pour faire court, il répare les conneries des autres. C’est cynique, drôle ; pourquoi pas. Sauf que Ray Donovan, de fixer, se comporte aussi comme un parfait psychopathe, et on finit par ne plus savoir où la série veut nous emmener. Quoiqu’il en soit, c’est intriguant.
Babylon
Nouvelle série britannique, Babylon montre Scotland Yard à l’heure de twitter et des flux de communication rapides. On suit la 1ère journée de la nouvelle directrice des relations publiques alors qu’une vague de meurtres se perpétue dans les rues de Londres. Les équipes du Met ont à faire à la fois avec les impératifs de bonne conduite ; pas de bavure, d’insultes, respect des protocoles en cas d’interpellation ; de transparence – comme tout finit par se savoir et qu’il est impossible de contrôler l’information, autant ne rien cacher ; problématique bien d’aujourd’hui – et à la fois disposent d’une technologie de pointe qu’ils ont bien du mal à maîtriser. Tout ça conduit à un gigantesque capharnaüm ; peu probable que la série soit appréciée du vrai service de communication de Scotland Yard. Le 1er épisode est réalisé par Danny Boyle.
Mammon
Un journaliste révèle l’implication de son propre frère dans un scandale financier. Celui-ci se tue. C’est le début d’une enquête qui va progressivement révéler un maillage complexe de corruption. On voit l’ombre de politiciens véreux, d’industriels crapuleux, de détournements de toutes sortes et de meurtres, bien évidemment – il en faut toujours. Une série norvégienne qui s’inscrit dans la nouvelle tradition nordique d’intrigues politco-criminelles. Très soigné mais pas totalement convaincant. Quelques dialogues pas très brillants comme celui du journaliste qui vient s’adresser à son frère et lui dit « ça n’a rien de personnel » (!)
Un peu partagé donc, mais on ne va pas trop vite condamner cette série qui, au demeurant, a eu un énorme succès en Norvège. Peut-être prend-elle son rythme de croisière en cours de saison.
Dans l’ensemble, la sélection du festival a témoigné du réel dynamisme dont fait preuve la télévision actuellement dans la création de séries.