A la fois film d’épouvante, comédie, tragédie, satire sociale et politique, The Host est loin de se résumer à un film de monstre “science-fictionesque”, ce qui aurait été surprenant de la part du réalisateur de l’excellent Memories of Murder, traitant d’une enquête sur un serial killer. On retrouve ici certains ingrédients qui en faisaient la qualité : photographie soignée, musique sobre et efficace, scénario – de nouveau signé par Bong lui-même, mais cette fois en collaboration avec Won-jun Ha et Baek Chul-hyun – extrêmement bien ficelé, personnages à la fois attachants et pathétiques, introduisant comique de farce et/ou corrosif dont font les frais les autorités coréennes et américaines – ces derniers d’ailleurs à l’origine de la catastrophe par le truchement d’un expert contraignant son assistant coréen à déverser une série de produits toxiques dans un évier en toute connaissance du lieu d’arrivée de l’évacuation des eaux, à savoir la fameuse rivière.

Si la famille Park se retrouve directement engagée dans le combat contre le monstre enfanté dans les eaux d’ordinaire paisibles de la rivière Han près de laquelle viennent se prélasser ou pêcher les habitants de Séoul, profitant du snack des Park, c’est qu’il a enlevé la fillette âgée de 13 ans de Park Kang-du, homme pas très doué pour grand-chose hormis les siestes réparatrices intempestives. Accompagné de ses père, frère et sœur, c’est non seulement le monstre qu’il faudra affronter dans une lutte contre la montre, mais aussi les organisations sanitaires, barrages policiers et autres, suite aux mesures gouvernementales prises contre un supposé virus transmis par la bête marine.

L’occasion pour John-ho Bong de dénoncer et de tourner en dérision le pouvoir politique et, par ricochets, son arsenal médiatique, médical, policier, militaire, etc. A noter que les Etats-Unis et leur interventionnisme en prennent particulièrement pour leur grade, à travers divers spécialistes fous du corps médical apparaissant çà et là, en passant par le soldat américain se portant héroïquement et caricaturalement au secours des premières victimes de la bête, l’arme antibactérienne fournie déjà testée sur certaines populations du globe… Mais pas que : corruption des élus, chômage des jeunes diplômés, manipulation des masses, ce sont des situations ou des petites phrases assassines et burlesques disséminées tout au long du film qui en disent long sur la société actuelle.

Aussi mutant que son reptile, The Host est mené tambour battant, offrant, outre le suspense et les effets spéciaux du genre, un réalisme tout juste perturbé par la créature et des scènes dignes d’un Docteur Folamour – Kang-du, surtout, en fait les frais, interprété par un Song Kang-ho décidément en veine, déjà vu dans Memories of Murder ou sous la direction de Park Chan-wook (Joint Security AreaSympathie for M. Vengeance). Une réussite, on vous dit !

The Host
Titre original : Gwoemul
Réalisation : Joon-ho Bong
Scénario : Joon-ho Bong, Won-jun Ha, Baek Chul-hyun
Interprétation : Song Kang-ho, Bae Doona, Hae-il Park, Byeon Hie-bong, Ah-sung Ko
Musique : Lee Byung-Woo
Pays : Corée du sud
Genre : Fantastique
Durée : 1h 59min
Année de production : 2006
Date de sortie en France : 22 Novembre 2006
Distributeur : Océan Film